L'art, une solution pour faciliter la transformation des entreprises
A l’occasion d’un live interview, Adeline Cubères, cofondatrice d’Artwork in promess a reçu Rémi Fondin afin de discuter de sa thèse “Art et transformation d’entreprise”. Découvrez les tenants et aboutissants de sa quête concernant les bénéfices, les limites, les freins et les différentes recommandations afin de permettre une meilleure collaboration entre le monde de l’art et de l’entreprise.
L’idée, la genèse de prendre partie de l’art dans un cursus d’ingénieur…
C’est lors de sa formation et notamment grâce à différentes interventions professionnelles dans son cursus qu’il a ouvert les yeux concernant la compatibilité entre le monde professionnel et de l’art. Un chantier de transformation au sein de son alternance a notamment été mené et cette expérience l’a profondément marquée. En s’y intéressant, il découvre le peu d’études ou d’enquêtes qui examinent l'importance de l’art en entreprise. Passionné par l’art, il prend donc cette direction.
Au début de ses recherches, Rémi Fondin fait face à un constat majeur : il existe énormément de travaux autour du pouvoir de l’art sur la créativité. De nombreux acteurs expliquent comment l’art dans les entreprises peut développer les compétences créatives des salariés mais très peu de la dimension organisationnelle et structurelle.
Afin de répondre à ce manque, Rémi Fondin a mené un travail d’enquête avec un panel large, qui soit le plus représentatif possible et comprenant à la fois des artistes, des personnes qui ont vécu des interventions artistiques en entreprise ou non, mais aussi des intervenants en entreprise ou encore des chefs de projets.
Quelques constats de la quête qu’il a souhaité mener
Les entreprises sont en continuelle mouvance, nous l’avons vue pendant le Covid. Face à ces environnements complexes, il faut transformer les entreprises qui ont des schémas vieillissants. En effet, les attentes des collaborateur.rice.s deviennent de plus en plus exigeantes, avec des idéaux bien spécifiques.
On identifie 3 schémas d’entreprises qui visent à atteindre ces idéaux :
L’organisation Opale
L’organisation apprenante
L’organisation à réseaux
On identifie beaucoup de similitudes entre elles, notamment sur la notion de quête de plénitude avec des collaborateur.ice.s souhaitant s'épanouir au travail. On retrouve également une horizontalisation des rapports hiérarchiques, ce n’est plus uniquement une structure descendante mais une communication en réseaux. Les dirigeant.e.s sont présents pour consultation et non plus pour prise de décision, dans un processus d'autogouvernance. Ce système amène aussi plus d’âme, c’est appréhender et intégrer les envies, appétences et goûts des collaborateur.ice.s.
La chercheuse allemande Ariane Berthoin Antal étudie notamment la diversité et la complexité des formes d’engagement des parties prenantes. Elle démontre qu’en reconnaissant et en analysant ces différentes dimensions de l’engagement, le regard sur les relations entre l’entreprise et la société pourrait changer.
Pour toucher ces idéaux, l'art est un outil de chantier de transformation.
“L'art est le plus court chemin de l’homme à l’homme” -André Malraux
Les difficultés en entreprise le plus souvent identifiées sont :
La surinformation
Le manque de sens
Le manque de prise en compte de l’humain
L’art est le chemin direct à l’humain car il oriente directement vers l’émotion, vers une pratique qui met le corps en mouvement et donc de l’esprit. La prise en compte du corps, des sens et des émotions met l’humain au centre.
L’art permet de créer et de fédérer une vision.
L’art est généralement utilisé pour révéler les entreprises et partager les ressentis. Il permet de mettre en place une raison d’être d’entreprise, qui reflète l’âme de l’entreprise et ses collaborateur.ice.s. L’art devient alors un outil lors de la création de la vision de l'entreprise. Il existe des méthodes autour de l’art “thinking” qui permettent avec des process de faire émerger grâce à l’art des directions opérationnelles ou même stratégiques.
Connaître les freins les plus fréquents face à l'investissement des entreprises à une approche artistique, c’est dépasser les préjugés afin d’avancer vers une démarche plus créative.
Le rapport au management n’est pas forcément évident. Les artistes ont parfois une aversion pour le management, ce qui ne facilite pas les collaborations dans des entreprises reposant sur le management. L’art qui se fait manager ne se fait pas forcément bien voir. On retrouve souvent une peur chez les artistes d’être freiné par les entreprises dans leur liberté artistique et créative. Pour bénéficier de l’art comme outil de transformation il faut donc laisser aux artistes la liberté de s’exprimer comme ils le souhaitent.
L’art ne touche pas tout le monde de la même manière, ce qui peut également être un frein. Certes, nous avons pas tous les mêmes sensibilités mais les médiums artistiques sont nombreux. Il est donc conseillé de varier les médiums, les différents courants artistiques proposés afin d’avoir plus de chance de présenter et d’embarquer plus de sensibilités.
Dans le pire des cas, ça ne fait rien !! Ce n’est donc pas un gros risque à prendre.
Ce qui a été remarqué, c’est que l’entreprise a du mal à se lancer sur du nouveau car elle a tendance à se raccrocher de ce qu'elle connaît. Les actions artistiques demandent une prise de risque et un investissement. De plus, il existe peu de littérature sur le sujet, ce qui ne facilite pas la mise en œuvre sans hésitation des entreprises face à la création d'expériences artistiques.
Pourtant, d’après les différents entretiens menés par Rémi Fondin, les processus de transformation non artistiques sont vus comme contraignants ou étouffants à la créativité des collaborateur.ice.s. Là où la méthode de transformation qu’utilise l'artiste est beaucoup plus personnelle et convainquant !