Une exposition en entreprise explore le sujet de la performance, avec l’artiste SLip
Artwork in promess x EPSA Tax & Innovation
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Artwork in promess x EPSA Tax & Innovation x
Pour stimuler et enrichir ses collaborateurs dans leur environnement de travail, la société Epsa Tax et Innovation ,a confié à l’agence Artwork in promess la création d’un cycle d’expositions artistiques sur-mesure d’une durée d’un an dans leurs locaux de Lyon. L’occasion de créer un lieu d’échanges et de vie autour d’univers artistiques pluriels et d’artistes locaux.
Pour sa 3ème exposition, Adeline Cubères, cofondatrice d’Artwork in promess, a proposé à l’entreprise l’exploration du mot Performance pour en proposer une critique.
”Performance, c’est aujourd’hui ce culte de la réussite,Où le faire remplace l’être, où le gain est puissance et le reste, faiblesse.
Qu’est-ce vraiment qu’une performance réussie,
Quand il s’agit d’économie ?
Performance, enfin, peut être un jeu de rôle,
Une mascarade, un simulacre, une illusion,
Où l'on se met en scène en ligne, on joue un personnage dans nos Story,
Pour se dérober aux exigences de la réalité de la vie.”
- Adeline Cubères, Cofondatrice d’Artwork in promess
Pour cette exposition, c’est l’artiste digital SLip qui a fait l’unanimité pour illustrer avec humour et ironie cet enjeu sociétal. L’art de la performance révèle grâce aux œuvres de SLip, un mot qui est pluriel et multiple, mais aussi un phénomène de société, qui révèle la diversité de nos talents mais aussi de nos désirs, et invite à explorer nos capacités ainsi qu’à révéler au monde toute notre créativité.
“Aujourd’hui tout est performance, le travail, le sport, l’art, l’économie, le sexe, les réseaux sociaux…L’homme cherche et jusqu’au bout de sa vie, se cherche. Pour cela, il passe par les autres, nécessairement.” - Emmanuelle Guadagnin, Cheffe de projet chez Artwork in promess
Artiste lyonnais travaillant principalement sur le collage, SLip diffuse maintenant ses oeuvres depuis plus de 15 ans aussi bien par le biais d’expositions que de publications et collaborations avec des magazines.
ENTRETIEN AVEC L’ARTISTE SLip
Votre nom d’artiste est peu commun, pourquoi vous appelle-t-on SLip ?
Le surnom SLip vient d’une chanson qu’on a enregistrée durant l’été 1998 avec ma bande de copains. Dans le refrain on parlait de slip de bain et comme je m’appelle Sylvain, mes amis ont fait le rapprochement entre la sonorité du mot slip et de mon prénom. Depuis ce jour, mes proches me surnomment ainsi.
Que signifie l’Art de la performance pour vous, thème de cette exposition ?
On vit dans un monde où tout est scruté, mesuré et comparé. Qu’on se trouve dans la sphère professionnelle où les outils de gestion de la demande pullulent et épient le temps passé à répondre pour juger de l'efficacité des collaborateurs ou dans la vie personnelle dans laquelle le nombre de likes devient un marqueur social, on a du mal à échapper à ces comparaisons incessantes.
Même dans mon travail, que ce soit lors de la production des œuvres où il est parfois tentant de basculer en mode spectaculaire après avoir vu ce que faisaient les autres artistes ou bien lorsqu’on compare son attractivité sur les réseaux via les métriques fournies, je suis soumis à ce besoin de performances. C’est donc naturellement que ce thème s’est imposé au sein de mes collages, transparaissant dans des œuvres variées. Dans les rapports humains, comme sur les terrains de sport, ce thème a nourri ma créativité.
Cela m’a conduit à sélectionner ces œuvres pour cette exposition l’Art de la performance en collaboration avec Artwork in promess.
Etes-vous une personne engagée, militante ?
Je ne suis pas quelqu’un qui porte ses convictions de façon personnelle, mais au travers de mes œuvres je suis très engagé, c’est ce qui me pousse à créer. Dans mes collages je traite des sujets d’actualité ou qui me touchent. J’ai travaillé avec plusieurs associations et notamment à Lyon pour une vente aux enchères aux profits de la recherche sur le cancer du sein, la vente de mes œuvres a été redistribuée pour la science.
Quel est votre parcours ?
J’ai une formation éloignée du monde de l’art, j’ai fait des études universitaires en informatique. Plus jeune je n’avais pas d’appétence pour le dessin. Je faisais cependant partie d’un groupe de musique dans lequel je m’étais engagé à créer les flyers, c’est ainsi que j’ai commencé à faire des collages numériques.
Qu'est-ce qui vous a plu pour ce projet de cycle d'exposition sur l’Art de la performance pour le cabinet de consulting Epsa Tax & Innovation ?
Je trouve le format et le lapse de temps d’exposition très intéressant, les collaborateur.trice.s ont le temps d’appréhender les œuvres, d’y revenir, de visualiser plusieurs fois les collages, ce qui est très rare dans une exposition. Ils peuvent réellement déchiffrer les messages que j'ai pu mettre dans mon travail.
Exercez-vous un autre métier ?
Oui, je suis aussi salarié dans une entreprise de transport. C’est assez chronophage de gérer ma vie en entreprise, d’artiste et de famille mais j’ai la chance de pouvoir choisir des projets par intérêt artistique et non financier.
A quel moment avez-vous démarré le collage numérique ?
C’est derrière mon ordinateur que je passais des journées entières pour le travail, c’est grâce à cet outil que m'est venu spontanément le collage numérique. Il faut noter que je n’arrive malheureusement pas à dessiner sur papier mais avec une souris, ma créativité a surgi tout naturellement.
Quelles sont tes références artistiques ? Pourquoi ce choix de collage numérique ?
Avec le temps je me suis forgé des connaissances en histoire de l’art et c’est d’ailleurs les collages qui m’ont toujours le plus marqué. Mes références et inspirations viennent des collagistes russe des années 1920 et 1930, j'aime le travail des perspectives et de rapport de tailles. Dans le collage je trouve ça fascinant de pouvoir détourner des objets pour raconter d’autres histoires.
Comment démarrez-vous un projet ?
Dans un premier temps je crée dans ma tête des histoires inspirées par mon quotidien, les publicités, les réseaux, la radio, le rapport avec mes enfants, mes amis… Ensuite, j’assemble des images numériques avec celles que j’ai dans ma tête et selon les histoires que j’ai inventées.
En combien de temps réalisez-vous un collage numérique ?
C’est difficile à évaluer car j’ai toujours une dizaine de collages qui avancent en parallèle. Mais s' il fallait comptabiliser je pense que je passe quelques heures à la recherche des images puis 3 à 4 heures pour retravailler les images et mon graphisme. J’utilise en général entre 10 à 15 images pour chaque collage.
Comment récupérez-vous vos matières ?
Je récupère les images dans les banques de données, principalement dans les bibliothèques universitaires numériques. Quelquefois il m’arrive de devoir scanner des photos pour numériser des images qui existent seulement sur papier.
Quels adjectifs décriraient tes œuvres ?
Si je devais trouver 3 adjectifs pour décrire mes œuvres, je dirais :
Ironiques
Politiques
Colorées
Beaucoup de thèmes sont abordés dans votre travail, quelles sont vos perceptions sur le monde actuel ?
Malheureusement ma vision n’est pas très optimiste, je trouve qu’on fonctionne un peu à l’envers, souvent nous recevons beaucoup d’informations, beaucoup trop vite et qui sont superficielles.
Cependant, je pense avoir une position assez contradictoire en tant qu’artiste car je contribue à cette marche dérisoire avec les réseaux sociaux en travaillant et fournissant peut être trop d'informations. Il est difficile aujourd’hui pour un artiste d’exister sans utiliser ce genre d’outils pour se faire connaître. Je ne peux pas réaliser quelque chose s'il n’y a pas un fond derrière, le collage est un média pour moi pour m’exprimer.
Quelle est l'œuvre, parmi celles qui sont proposées lors de cette exposition chez Epsa Tax, qui vous plaît le plus ? Pourquoi ?
Ça dépend des jours … Mais aujourd’hui ça serait le collage “Sérieux” car mes enfants sont actuellement en train de faire leurs devoirs et que je leur dis toujours d’être sérieux à l’école.
Comment expliquez-vous votre succès ? (+ de 12 000 followers sur Instagram)
J’essaie d’être régulier dans mon travail, de produire du contenu dans mon art car c’est important pour moi, et je le fais pas pour les autres mais pour moi.
Racontez-nous votre collaboration avec le Guggenheim museum ?
C’est un heureux concours de circonstance, en 2010 je faisais des illustrations pour la marque Paperwallet de Brooklyn, qui a été sélectionnée pour être exposée et vendue dans le shop du musée de Guggenheim.
Avec quelle marque travaillez-vous ?
Cette année j’ai collaboré essentiellement avec des marques de sport, notamment pour le basket. Je travaille depuis plus d’un an pour le magazine Basket Session pour lequel je fais des illustrations. J’ai aussi réalisé le graphisme des boîtes de chaussures pour Zero Basketball, marque française éthique et locale.